Rebattre les cartes

Écrit par Diana Luppi / Traduit par Emmanuel Peltier

 

I Will Blend No More French Diana Luppi AuthorBien que je n’aie réellement passé que très peu de temps à la Crête du Dragon durant cette première des nombreuses visites à venir, l’impact avait été incroyablement fort et j’ai passé presque trois jours à intégrer et ensuite à émerger de ce qui s’était passé là-bas. Quelque chose avait fondamentalement changé.

Un tournant avait été atteint et quelque chose en moi avait été à la fois redéfini et recalibré. J’ai commencé à réaliser que ma vie n’était pas si incohérente qu’elle avait pu le paraître. En fait, elle commençait plus à ressembler à un échiquier, méthodiquement élaboré pour jouer un jeu de stratégie bien étudié.

J’ai aussi réalisé que tous les choix qui avaient été faits étaient très ciblés. Il ne s’agit pas d’une espèce de force cosmique qui attraperait l’annuaire téléphonique de Tokyo, fermerait les yeux, et choisirait alors au hasard quelque Terrien innocent pour commencer une conversation avec lui. Non, cela ne se jouait pas à la roulette. Il s’agissait plutôt d’une manœuvre précise et préméditée, mise au point bien avant que cette vie n’ait commencé et qui, contre toute attente, se déroulait exactement comme prévue.

Cet étrange pétroglyphe sur la Crête du Dragon que je visitais au grand minimum pour la deuxième fois, (un scénario qui devait être ainsi, ou alors, comment aurais-je pu savoir exactement ce qui était gravé dessus et où il se situait ?) cet étrange caillou, m’avait vraiment appelé chez moi. Il ne ressemblait pas exactement à une cabine téléphonique* mais je suppose qu’il en était une. À partir de ce moment-là, j’étais en communication directe avec un peuple d’un autre monde.

Confronté au fait que je devais maintenant admettre que j’avais officiellement été contactée par une race extra-terrestre, je devais aussi admettre que ce n’était même pas la première fois que cela se produisait. Beaucoup trop de pièces du puzzle, passé, présent et futur, tombaient simultanément du ciel.

En l’espace de trois jours, j’ai fait un récapitulatif de toute ma vie. Je me suis souvenue avoir été un contact terrestre âgé de 7 ans pour des extraterrestres qui écoutaient attentivement chacun de mes mots. J’ai parfaitement décris les humains, leurs coutumes et leurs comportements pour les aider à comprendre. (Certaines des choses que je leur disais étaient difficiles à croire, c’est la raison pour laquelle ils écoutaient si intensément chacun des mots que je prononçais.) Je me suis aussi plainte du manque de compréhension mathématique ici-bas. J’ai mentionné avec horreur qu’ils étaient toujours coincés en base 10.

Après cette pensée, une autre pièce du puzzle m’a frappé l’esprit et j’ai commencé à repenser à un accident de voiture que j’avais eu une année plus tôt. J’y avais rêvé la nuit avant qu’il ne se produise. Même si je ne me souviens pas des détails, j’avais procédé à une tentative élaborée pour voir si je pouvais mettre une ceinture de sécurité autour de St James. Sans succès. Apparemment, elles ne sont pas conçues pour les chiens, alors je suis allée tout de même à une rencontre avec quelques amis.

À un moment donné de cette rencontre, j’ai coupé la conversation et j’ai déclaré de façon catégorique que c’était un weekend de départ en vacances et que je ne voulais pas rencontrer un trafic trop dangereux en rentrant à la maison. J’ai roulé de là, directement vers un carambolage sur l’autoroute où j’ai été torpillée par une voiture qui a déboulé derrière moi à environ 30 km/h de plus que j’allais, ou même aurais pu aller.

Je l’ai vu approcher dans mon rétroviseur et je savais qu’il n’y avait aucune autre manière d’expliquer cela, sauf par le fait que je sois invisible pour lui. Ma voiture était veille. Elle n’avait aucune reprise. Malgré cela, j’ai appuyé sur l’accélérateur aussi fort que je pouvais pour minimiser le choc, j’ai agrippé le volant avec les deux mains pour être sûre de ne pas être projetée sur l’autoroute à cause de l’impact imminent, et j’ai instantanément quitté mon corps pour voir tout l’accident depuis le toit de ma voiture. Si j’avais quitté l’assemblée à n’importe quel autre moment, cet accident impossible ne se serait jamais produit.

Après m’avoir infligé un sérieux coup du lapin, avoir traumatisé mon chien, et avoir totalement détruit ma voiture, le conducteur est sorti de sa Toyota flambant neuve en état de choc, « Vous étiez invisible ». Sans blague, mon gars.

De cette manière, une autre pièce du jeu d’échec s’était déplacée sur le plateau et une autre pièce du puzzle avait trouvé sa place. Un an plus tard, le paiement correspondant de l’assurance finançait l’écriture et la production de ET 101. Même l’accident n’était pas un accident, le type qui m’avait heurté était un scientifique de haut niveau, un ingénieur aéronautique, et manifestement un très bon ami. Je l’ai rencontré à nouveau à un Parc National environ 8 mois après l’impact. Il m’a reconnue et m’a souri timidement alors qu’il passait dans la foule. De façon plus globale, il donnait l’impression d’avoir exactement su ce qu’il avait fait.

Après cette reconstitution de l’incident de voiture, une autre pensée non-séquentielle s’est présentée. J’ai commencé à me rappeler d’une autre dimension que, d’une façon ou d’une autre, je connaissais intimement. Ancestrale dans le récit historique de sa présence sur cette Terre, et également mon point d’entrée soupçonné dans une vie beaucoup plus précoce, elle était comme la porte potentielle par laquelle j’étais entrée dans l’espace dans lequel je me trouvais maintenant. Cette dimension était imbriquée, entière, magnifique dans sa présence, et sacrée dans sa lumière. Et c’est tout ce que je dirai sur elle pour l’instant.

Même si rien de ce dont je me souvenais n’était d’aucun ordre perceptible, tout s’accordait magiquement. C’est le moment où la physique quantique se met dans le passage, comme une pierre d’achoppement pour notre esprit linéaire normal, l’endroit où passé, présent et futur s’effondrent sur eux-mêmes. Cependant, et quoi qu’il se passât, j’étais surprise que cela ne m’ait pris que trois jours pour traverser tout cela. Et grâce à Dieu, le téléphone sonna…

*Cabine téléphonique : Une ancienne version d’iPhone ou Android entre autres noms, mais plus sophistiquée qu’une boîte de conserve et une ficelle.

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Je Ne Me Fondrai Plus Jamais Dans La Masse – Partie 10