GRANDE ETRANGETE DU GENRE ANORMAL

Écrit par Diana Luppi / Traduit par Emmanuel Peltier

I Will Blend No More French Diana Luppi AuthorAlors que la préparation pour la presse se poursuivait, les incidents étranges continuaient à se produire eux aussi. Ils n’étaient pas  aussi dramatiques que celui de la Crête du Dragon, mais ils étaient encore très troublants. Il y avait vraiment une énergie très étrange qui entourait ce projet, et c’était pas de mon fait.

« Mes Maîtres Extraterrestres », comme j’avais commencé quelque peu sardoniquement à les appeler, m’avaient exprimé qu’ils souhaitaient une présentation de type manuel d’instruction et préféraient une reliure en spirale. Cependant, des amis à moi qui étaient dans l’édition m’avaient dissuadé de faire quelque chose du genre. Ils prétendaient qu’à cause de la reliure spirale métallique, j’aurais des dégâts importants lors des expéditions et des retours résultant de la part des distributeurs. Le livre n’aurait pas non plus de dos pour y imprimer le titre, alors les libraires auraient à la fois un problème pour l’exposition et la mise en rayon et, cerise sur le gâteau, il me coûterait plus cher. J’ai appelé mon imprimeur, R.R. Donnelley & Sons, et j’ai demandé un devis pour une édition avec reliure en spirale. J’ai été sidérée quand j’ai entendu le prix. Oui, ça allait définitivement me coûter plus cher, alors j’ai commencé à tout préparer pour une édition à dos collé.

Bien, comme si j’avais quelque chose à dire à propos de ce livre. « Les Maîtres » se sont introduits dans mes pensées, me demandant pourquoi je considérais une édition à dos collé. Je leur ai dit qu’ils venaient juste de me lancer dans de grosses dépenses avec leur insistance pour un livre avec une reliure en spirale, alors je cherchais quelque chose de moins cher à cause de mon budget. Ils m’ont alors demandé de combien d’argent je disposais pour publier ce livre. J’ai réfléchi une milliseconde pour arriver au montant de « aucun ». Après cet aveu, ils ont attiré mon attention de façon judicieuse sur le fait qu’épargner de l’argent était une question discutable parce qu’il n’y avait pas d’argent et que je n’en avais de toute façon pas assez pour imprimer l’une ou l’autre des éditions.

J’ai soudain réalisé que j’étais peut-être en train de discuter à une ribambelle de Vulcains. Je pouvais presque entendre Spock dire, « Mais ce n’est pas logique. » Peu disposée à batailler avec l’équipe extraterrestre des débats, j’étais prête à céder pour la énième fois.

Lorsqu’ils sont revenus plus tard le même soir, je fus instamment invitée à aller au bureau de mon ordinateur, à ouvrir un tiroir bien précis, à sortir les manuels de mon Mac (lorsqu’ils les imprimaient encore) et à les ouvrir.

« Quoi ? » ai-je pensé très fort. Il est beaucoup trop tard pour commencer à apprendre à utiliser cet ordinateur et lire ses manuels encore jamais ouverts. Ils ont insisté, alors j’ai commencé à décoller le plastique de protection intact qui les tenaient tous ensemble. J’ai ouvert l’un des manuels pour la première fois et elle était là, une reliure en spirale métallique avec un volet dépliant qui formait un dos et, plié à nouveau, créant un rabat supplémentaire qui servait de marque-page. Observation faite. Brillant. Et je n’ai pas à lire ce satané machin. Dieu merci !

Dans la matinée, j’ai rappelé R.R. Donnelley penaude et demandé pour un nouveau tarif. Cette fois je voulais savoir combien un livre avec une reliure en fil de fer coloré, une couverture avec un volet dépliant qui créait un dos ainsi qu’un marque page et ensuite emballé sous film plastique par trois pour empêcher les dégâts durant l’expédition me coûterait. Pensant que ma demande pouvait ne pas être claire, j’ai demandé s’il était familier avec les manuels Macintosh. Mon représentant dit : « Bien sûr que nous le sommes. On les imprime ».  Affaire classée. « Mes Maîtres » ont gagné.

Comme si cette manœuvre ne suffisait pas, je fus accostée une nouvelle fois par eux la nuit suivante. Cette fois, ils m’ont conduit jusqu’à mon armoire où j’ai trouvé un livre sur les galaxies que je ne savais même pas que j’avais. J’ai commencé à le parcourir lui et toutes ses magnifiques images, mais je me suis arrêtée net sur la Galaxie de la Rose, leur galaxie de prédilection pour la couverture. (Je n’ai aucune idée de pourquoi, alors pas la peine de demander.) Ils m’ont alors montré comment ils voulaient que ce soit fait dans un arc en ciel de couleurs représentant l’ensemble du spectre lumineux, avec cette galaxie spécifique en fond.

Nouvellement libérée de ma perception erronée de budget, j’ai embauché un artiste brillant en aérographie pour faire ce travail et lui confiais une image de la Galaxie de la Rose pour qu’il se base dessus. Lorsqu’il m’a appelé à la fin pour venir le récupérer, il m’a demandé hésitant alors qu’il me le tendait, « Alors dites-moi, hein, qui est le Conseil Intergalactique exactement ? » J’ai immédiatement su qu’ils étaient aussi allés vers lui. J’ai été un peu négligente ; j’aurais vraiment dû le prévenir. J’ai sincèrement espéré que les glyphes Maya n’avaient pas commencé à pulser hors du sol de son studio, mais je n’ai pas osé lui demander.

Alors que je rentrais à la maison avec la Galaxie de la Rose sous le bras, je me suis demandée qui d’autre j’avais employé qu’ils aient également pu faire craquer. Heureusement, il n’y eu que deux victimes de plus après celle-ci.

 

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Je Ne Me Fondrai Plus Jamais Dans La Masse Partie 18